Le rapport moral du Président.
2024 a été une nouvelle année de contrastes, sur un plan général comme pour notre association.
Le contexte général a plutôt tendance à s'alourdir : l'évolution continue de la précarité, le manque criant de
logements sociaux, le climat délétère autour des migrants et plus largement la suspicion sournoise et démagogique autour des aides sociales, le tout amplifié, voire instrumentalisé, par la crise des finances publiques. Sur le plan local, cela se traduit concrètement par les listes d'attente pour l'hébergement d'urgence comme pour le logement social, des familles toujours à la rue, et aussi des difficulté s financières pour nos associations...
Pour Benoît Labre, 2024 est aussi une année de contraste : arrêt brutal du dispositif «Transition» (appui à l'insertion des bénéficiaires de la protection internationale), questions financières liées aux répercussions des difficultés graves de l'AIS 35 sur la SCI que nous avions en commun... Mais comme je l'avais rappelé l'an dernier, «nous n'avons pas le temps de l'amertume» : il nous faut aller de l'avant, avec comme exigence l'intérêt des publics que nous accueillons.
2024, c'est aussi l'installation des «lits halte soins santé» amorcée fin 2023, l'ouverture d'un nouveau dispositif provisoire d'hébergement d'urgence rue de Saint Brieuc. Ce sont les réflexions pour engager la pérennisation du Rado (accueil pour les personnes les plus éloignées de nos dispositifs), les initiatives nouvelles pour améliorer l'accompagnement des personnes accueillies (comme la formation à la réduction des risques). Les rapports d'activités ci-après témoignent de cette vitalité.
Je voudrais insister à nouveau sur le «fait associatif», plutôt malmené. Sans remettre en cause la réforme du
SIAO 35 mise en oeuvre par les services de l'Etat et la création d'un groupement d'intérêt public, il est permis
de regretter que la place de nos associations soit réduite à un strapontin consultatif ; sans remettre en cause
les prérogatives des financeurs, il est permis de souhaiter que les associations au contact quotidien des publics concernés soient écoutées, associées et force de propositions.
Cette place que nous revendiquons n'est pas sans exigence pour nous-mêmes. En application de notre projet et de nos valeurs, il nous faut apporter la preuve de notre connaissance des publics victimes de la précarité et de l'évolution des besoins sociaux, apporter la preuve de notre capacité à accompagner au mieux leur mieux-être et leur insertion.
Ce n'est pas si évident dans le contexte administratif actuel : les appels à projet ou appels à manifestation d'intérêt nous entraînent dans une course en avant, avec de multiples risques : entrer en concurrence avec les associations partenaires, courir après un développement mal maîtrisé, augmenter la part de financements annuels instables par rapport aux conventions plus pérennes.
Aussi l'une de nos préoccupations centrales est de préserver la dynamique entre administrateurs (6 nouveaux
administrateurs font leur entrée dans le CA), bénévoles et professionnels autour du projet associatif. L'implication des administrateurs et l'engagement des bénévoles sont complémentaires de l'action des professionnels avec la double exigence : concilier l'amélioration constante de l'accompagnement des personnes accueillies avec la qualité de vie au travail. La croissance rapide de l'association et l'aggravation des profils des résidents (liée notamment à la santé, violence) nous ont amené à une grande vigilance sur les risques psycho-sociaux et à préparer un plan d'action volontariste.
Une autre responsabilité de notre association, c'est une priorité de notre projet, est le témoignage : mieux faire connaître les personnes accueillies et leur histoire, créer des initiatives leur permettant de s'exprimer. C'est le sens du projet développé par Michel Urvoy qui s'est traduit d'abord par une exposition «Je vous écris de Benoît Labre» qui a circulé toute l'année et qui a donné lieu, en mars 2025, à la publication d'un livre «Vies brisées, espoirs retrouvés». Autant de points d'appui pour préparer le 90ème anniversaire de l'association l'année prochaine...
2025 voit se dessiner de nouveaux projets parmi lesquels : la pérennisation du Rado, de nouvelles places de
maisons relais, l'installation du Cada à Chateaubourg et la poursuite du projet de village des solidarités... Tout cela n'est possible qu'avec le soutien et la collaboration avec nos nombreux partenaires.
Les partenaires institutionnels : d'abord l'Etat qui finance nos dispositifs, les collectivités territoriales qui apportent des compléments importants. Avec un mot particulier pour Rennes Métropole sans laquelle nous n'aurions pu expérimenter le Rado, ni envisager sa pérennisation (Rennes Métropole nous met à disposition le foncier, et nous aide significativement pour l'investissement).
Et tous les partenaires avec lesquelles nous travaillons au quotidien… Sans oublier tous les acteurs du réseau de santé, je veux mettre en avant la convention signée avec la Fondation Saint-Hélier pour l'appui médical des « lits halte soins santé », avec l’ambition de développer les échanges sur l'ensemble des problématiques de santé.
Tous les partenaires associatifs avec qui nous travaillons sur toutes les dimensions de l'accompagnement et avec lesquelles nous échangeons dans le cadre de la Fédération des Acteurs de la Solidarité. Une autre mention spéciale pour les bénévoles d'Artémon, cheville ouvrière de nombreuses sorties pour les résidents.
Et bien sûr un grand merci à tous les acteurs de l'association : administrateurs, bénévoles et professionnels.
C'est cette dynamique collective qui nous permet d'avancer !
Dominique LE TALLEC
Président